Antoine Hamon, DG délégué de Lhyfe

Ancien élève du lycée, Antoine a obtenu son bac scientifique en 1999. Il a co-fondé Lhyfe, une entreprise qui crée de l'hydrogène vert.
Antoine Hamon, directeur général délégué devant l'entreprise Lhyfe. (Crédit photo : Clémence Rebours)
Te souviens-tu de tes professeurs ? J'ai principalement gardé en mémoire le nom de mes professeurs de sciences, Mesdames Hamon et Thomas en mathématiques et Monsieur Bouédo en physique-chimie.
Quels sont tes souvenirs du lycée ? Je me souviens de mes copains et des fêtes que l'on faisait entre nous et de celle qui était organisée au lycée la veille des vacances de Noël.
Je garde le souvenir d'un lycée convivial et chaleureux. Nous étions proches des professeurs. Tout y était à taille humaine.

Quelles études as-tu suivies après le baccalauréat ? Je suis entré en école d'ingénieur à l'ESEO située à Angers, pour cinq années d'études. C'est une école d'électronique informatique.

Peux-tu nous parler de ta carrière professionnelle ? J'ai débuté dans la partie industrielle de l'électronique, plus précisément dans la production d'équipements électroniques. J'ai évolué dans le milieu industriel depuis la fin de mes études jusqu'en 2019. J'ai travaillé dans différentes usines (SERCEL Nantes, CEGELEC et RFS) à l'international, entre la Chine, les États-Unis et puis l'Europe en général. J'ai évolué entre la partie électronique qui était ma formation de base pour devenir ingénieur industriel production en mécanique ou plastique... En fait, j'étais chargé du pilotage d'unités industrielles.
Je me suis beaucoup déplacé : j'ai habité aux États-Unis durant trois ans et, pour les autres postes, j'avais des équipes sur place que j'allais voir une fois par mois ou une fois par trimestre en fonction des besoins.
2019 : le tournant Avec Mathieu, un de mes collègues de promo d'école d'ingénieur, nous avons créé Lhyfe, une entreprise qui produit de l'hydrogène vert pour décarboner l'industrie et la mobilité afin de remplacer les énergies fossiles. On parle beaucoup de convertir l'électricité en électricité renouvelable mais l'électricité ne représente que 20 % de l'énergie que l'on utilise. Il faut savoir que les 80 % de l'énergie que l'on utilise sont du gaz et du pétrole que l'on ne peut pas électrifier. Il faut donc trouver un équivalent de gaz pour décarboner cette partie-là. C'est ce que nous faisons en produisant de l'hydrogène vert.
Nous avons été les premiers en Europe à produire de l'hydrogène vert. Depuis, en Allemagne, quelques entreprises se sont lancées sur ce marché qui est nouveau et donc en forte croissance. Mais, à ce jour, nous sommes les seuls en France et les leaders européens. Nous sommes présents dans 11 pays dans le monde et, depuis l'année dernière, nous sommes entrés en Bourse. Nous étions 6 au moment de la création de notre entreprise. Maintenant, nous comptons 200 salariés.
Quelle est la genèse de ce nouveau concept ? Mathieu, mon collègue qui est le PDG de Lhyfe, s'est dit que si l'on n'agissait pas d'un point de vue environnemental, nous irions droit dans le mur. A notre âge, c'est nous qui avons le relais pour agir, pour donner un meilleur avenir à nos enfants. C'est un enjeu essentiel pour les futures générations. Par rapport à nos compétences et nos expériences, il a pensé que l'hydrogène constituait la solution pour décarboner et quitte à le faire autant le faire de la meilleure des façons possibles. Comme nous ne pouvons pas compter sur les grands groupes industriels actuels qui investissent dans le pétrole, nous devions nous-mêmes agir.
Notre entreprise était très jeune durant la phase COVID, mais nous avons été soutenus par nos investisseurs et avons ainsi pu continuer à nous développer notamment à l'international.
Quels conseils donnerais-tu aux élèves intéressés par ton parcours ? L'essentiel aujourd'hui pour réussir professionnellement est la capacité de communication et la facilité à s'intégrer dans un projet. Ce que l'on recherche ce sont des profils engagés et qui savent interagir avec les autres. Mathieu et moi n'étions pas les premiers de notre promotion en école d'ingénieur, mais nous avons eu cet élan qui nous a portés à nous engager pour la société, pour l'environnement.
Ce qu'il faut développer, c'est la capacité de travail en équipe et la capacité de synthèse. Il faut être capable de synthétiser tout problème pour trouver une solution et la communiquer. Il faut être curieux, s'intéresser à tout. On a besoin de généralistes, de personnes qui soient capables de relier les choses dans un monde de plus en plus complexe. Mais je dirais qu'il faut surtout faire ce qui nous passionne. Me concernant, "qu'est-ce qui m'a poussé à produire de l'hydrogène ?", c'est l'envie de contribuer à résoudre un vrai problème de société.
Quelle est la place des langues étrangères dans les études ? Les langues étrangères ? C'est une évidence. Il faut parler anglais couramment. Il faut absolument un éveil à l'étranger, ce que proposent maintenant toutes les écoles d'ingénieur. Etudiant, je suis parti en Inde un mois seul grâce à la bourse de voyage Zellidja. On part seul avec son sac à dos, on est confronté à une autre culture. C'est de cette façon qu'on se met à l'épreuve. Une fois qu'on a été confronté à cela, on s'adapte partout et c'est un plus pour travailler en entreprise. Le monde va changer dans les vingt prochaines années, dans des proportions qu'on ne peut même pas imaginer. Les jeunes qui auront la capacité de s'adapter auront une longueur d'avance. Il faut oser prendre des risques, quitte à échouer. On se rend alors compte qu'on n'en meurt pas et même que l'on a progressé.
Il est vraiment très important que les lycéens se confrontent à la réalité des choses. Ils doivent s'engager dans les domaines dans lesquels ils ont des compétences. La satisfaction personnelle vient de l'action. On ne trouve pas le bonheur dans l'oisiveté mais dans l'exécution de projets.
Propos d'Antoine HAMON recueillis par Valérie HERAULT.
Connexion à la salle de rédaction numérique (SRN)
Se connecter

N'utilisez pas cette fonctionnalité si vous utilisez des postes partagés

 
Mot de passe oublié